"Plus un acte anodin": les contrefaçons financent le crime organisé, et sont dangereuses pour la santé

L'Union des fabricants (Unifab), qui regroupe 200 entreprises et fédérations professionnelles, a publié, lundi, un rapport alarmant qui fait état de liens étroits entre la criminalité organisée et la contrefaçon. L'association française de lutte contre la contrefaçon met en avant un rapport d'Europol qui affirme que des dizaines d'importantes organisations criminelles sont impliquées activement dans la contrefaçon, dont le Hezbollah, la Corée du Nord ou encore la mafia italienne.
"Aujourd'hui acheter une contrefaçon n'est plus un acte anodin, c'est financer le crime organisé, voire le terrorisme", affirme dans Apolline Matin sur RMC, Delphine Sarfati-Sobreira, directrice générale de l’Unifab, qui ajoute que "la contrefaçon pénètre tous les circuits de distribution légitime."

Les réseaux de contrefaçon ont développé des techniques pour s'adapter au marché économique mondial et détourner l'attention des douanes. Désormais, ils acheminent "des composants via plusieurs pays pour masquer l'origine réelle" et ont rélocalisé "les unités de production aux portes de l'Europe", explique Delphine Sarfati-Sobreira.
Pour que le système fonctionne, selon cette dernière, "il faut des moyens colossaux, des moyens détenus par les organisations criminelles, qui blanchissent les profits issus de la contrefaçon via des sociétés écrans et mêlent la contrefaçon à d'autres trafics, comme la drogue ou la prostitution."
Ce marché est en pleine expansion. En 2024, plus de 21 millions de produits contrefaits ont été interceptés par les douanes françaises pour une valeur estimée à près de 645 millions d'euros. C'est quatre fois plus qu'en 2020. Entre les marchés aux puces et les sites internet, les voies d'approvisionnement ne manquent pas.
"Pour les gens qui ne gagnent pas beaucoup de thunes, c'est bien. Le dernier truc que j'ai acheté, c'était une sacoche. J'ai dû la payer 10% du prix", se réjouit Tanguy.
Selon un sondage de 2023 un tiers des Européens jugent acceptable d'acheter de la contrefaçon. Le chiffre monte même à 50% chez les jeunes. Certains comme Apolline achète de la contrefaçon lorsqu'ils vont à l'étranger. "Typiquement Vietnam ou les pays d'Asie où j'ai pu aller", assume Apolline.
Cette dernière évite tout de même les produits cosmétiques. "Ça me met hyper mal à l'aise. Je ne sais pas comment ça a été fabriqué, ça ne me met pas en confiance", argumente Apolline. Ces produits peuvent en effet présenter des risques sanitaires.
"Il y a des parfums qui provoquent des brûlures au 3e ou 4e degré", assure le député MoDem Christophe Blanchet, président du Comité national anti-contrefaçon.
"Pour 10% du prix, on a 10% du produit. Je dis aux consommateurs: 'Achetez plutôt un produit de meilleure qualité qui ne soit pas une contrefaçon car il sera plus durable, et vous ne prendrez aucun risque pour votre sécurité", ajoute Delphine Sarfati-Sobreira. "Ces produits sont dangereux, vous avez du plomb du mercure, les produits ne sont pas recyclables."
L'élu MoDem dénonce également le mal que font "ces réseaux criminels organisés" à la société française. Ils "mettent à mal à la fois l'économie, et à la fois le modèle social parce que c'est 26.000 emplois détruits en France par an la contrefaçon." Selon lui, la contrefaçon représente près de 10 milliards d'euros en moins dans les caisse de l'État chaque année.
RMC